SON EXCELLENCE MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE DE LANGRES DUC ET PAIR DE FRANCE

La paroisse de Vaux-sur-Saint Urbain est placée aujourd’hui sous la juridiction de l’Evêque de Langres.

L’histoire de la ville de Langres et de son évêché, s’inscrivent dès les origines de la Chrétienté en France, et sont très rapidement liés aux conséquences religieuses et politiques du Baptême deClovis par Saint Rémi. Il est intéressant d’en rappeler les grandes lignes, et de souligner quelques détails importants, liés à la fonction même de son évêque, dépositaire d’une grande histoire. Il a été pendant des siècles, l’un des plus grands Seigneurs de France. En sa qualité de Pair, toutes les fois qu’il siégeait au Parlement de Paris, il prenait part aux affaires générales du Royaume.

Langres est une des plus anciennes villes de France, faisant partie de la Belgique sous l’empire. Les lingons sont alliés à Rome, nous l’avons vu, tout comme les Francs de Mérovée, puis de Clovis, plus tard, à la fin de l’empire d’occident.

Son évêché est très ancien : On date sa fondation au tout début du IIIème siècle. Saint Sénateur, son premier évêque, est cité dès l’an 200.

Dans les tous premiers temps, l’empire se disloque sous l’invasion des barbares, un évêque de Langres, Saint Dizier, fut martyrisé par les vandales (264) Saint Rémi n’est pas encore né. Saint Urbain, dont le nom nous est familier, était évêque de Langres, vers 375.

L’évêque Albéric y tint un concileprovincial en 830 en présence de l’empereur Louis le Débonnaire, fils de Charlemagne, et de son fils aîné Lothaire.

De temps immémoriaux, l’évêque de Langres est cité, dans notre pays qui se dessine.

Les années passent, et, à la suite du partage de l’empire de Charlemagne, Langres eut des Comtes laics jusqu’à ce que Hugues III, Duc de Bourgogne, le donne à son oncle, Gauthier, évêque deLangres, qui devenait ainsi lui-même Comte. Nous arrivons peu à peu dans les années 1020/1060, sous le règne des premiers capétiens. Etienne de Vaux, notre premier seigneur, est baron, il construit pendant ce temps le premier château de Joinville. L’église primitive de Vaux est bâtie.

Louis VII (sacré en 1131) érigea ce Comté en duché-paierie. L’évêque de Langres à cette époque, Geoffroy, prit part à la Croisade. Philippe Auguste, sacré à Reims en 1179, confirma cette distinction. Les évêques de Langres, dès cette époque eurent donc le titre de Duc et Pair de France. Au sacre des rois, ils tiennent le sceptre. L’évêché de Langres devient donc l’un des plus prestigieux de France. Son évêque a prééminence sur tous les archevêques métropolitains de France, sauf celui de Reims, Duc et Pair comme lui, et l’évêque de Laon, également Duc et Pair comme lui, en qualité d’hommes d’Eglise.

Comme nous le savons, le Baptême de Clovis par Saint Rémi est à l’origine du Sacre des Rois de France. Cette grandiose cérémonie comportait des moments importants où les douze Pairs de France intervenaient. Pour cette raison, une des statues qui entourent le magnifique tombeau de Saint Rémi à Reims représente l’évêque-Duc de Langres, tenant le sceptre. Les reliques de Saint Rémi, aujourd’hui encore précieusement conservées dans une châsse somptueuse, sont entourées des statues des cinq autres Pairs ecclésiastiques : les autres ducs- l’archevêque de Reims et l’évêque de Laon ; les comtes- les évêques de Beauvais, de Châlons et de Noyon. Les six autres Pairs, laïcs ceux-là, dont les statues entourent aussi le tombeau, étant celles des ducs de Bourgogne, de Normandie et d’Aquitaine, et des comtes de Toulouse, de Flandre et de Champagne. Toutes ces statues entourent le groupe du baptême de Clovis par Saint Rémi.

La Sainte Ampoule miraculeusequi servait aux onctions royales était conservée dans le tombeau de Saint Rémi, l’ensemble symboliquement gardé par les douze Pairs, dont notre évêque. (Elle se trouve aujourd’hui à la Cathédrale de Reims).

Le choix de ce décor montre à quel point le sacre-dont ces grands vassaux étaient les acteurs principaux- s’enracine dans la mémoire du baptême de Clovis par Saint Rémi, acte fondateur de la France que nous connaissons aujourd’hui. L’évêque de Langres est un grand vassal, mais d’autres grands vassaux-et non des moindres-, les Comtes de Champagne et les Ducs de Bourgogne doivent lui rendre hommage…

Le territoire de l’évêché de Langres, à cette époque, se composait de la Haute-Marne, de la Côte d’Or, des Vosges et d’une partie de la Meuse et de la Meurthe et Moselle…cela laisse rêveur…

Une telle puissance ne laissait pas indifférente, et était gênante. Nombreux ont été ceux qui très tôt, demandèrent la création d’un nouvel évêché au sud de Langres, à Dijon. Ce fut chose faite en 1731. Langres perdit plus de cent paroisses, il demeurait néanmoins encore l’un des plus grands de France, « en concurrence » avec Poitiers…

En 1791, la Constitution civile du Clergé conserva ce siège épiscopal, malgré toute la symbolique royale qu’il représentait. Monseigneur de la Luzerne ayant refusé le serment à cette constitution, et après une courte période de dix ans durant laquelle un évêque constitutionnel occupa le siège de Langres, le concordat de 1801 supprima purement et simplement notre évêché.

C’est cependant durant l’année qui suit, que nos deux calvaires seront érigés puis bénis !…le 24 mai !

Mais, ce ne sera qu’en 1823, sous le règne de Louis XVIII, que le siège épiscopal de Langres fut rétabli. L’attitude courageuse de Monseigneur de la Luzerne lui valut d’obtenir la pourpre cardinalice.

Nous l’avons dit, lorsque les deux calvaires de pierre, à Vaux, furent érigés, l’évêché de Langres n’existait plus…pour les raisons que l’on sait… Alors ? les Perrin, Giroux, Hébert et Varnier, étaient-ils des catholiques civils ? Nous ne le croyons pas. Le peuple des campagnes était resté majoritairement fidèle à l’église de toujours. En 1802, nous sommes en période de réconciliation avec Rome. Les concordats ont été signés avec Pie VII. Le Premier Consul en avait besoin pour ses visées impériales, et son auto-couronnement en présence du Pape, à Paris, un peu plus tard.

Quoiqu’il en soit, les cloches de notre église ont été bénites après cette période de graves troubles intérieurs, la petite en 1823 comme nous l’avons vu, son Excellence l’Evêque de Langres étant de nouveau glorieusement régnante en son Diocèse…les choses étaient rentrées dans l’ordre…Le Comte d’Artois, frère de Louis XVI, futur Charles X, allait bientôt monter sur le trône de France, être sacré et couronné à Reims, en présence de notre évêque…en 1825.

Rappelons maintenant succinctement le rôle important de l’évêque de Langres dans le déroulement des sacres.

En procession, au début de la cérémonie, il pénétrait dans la cathédrale en tenant le sceptre, symbole du pouvoir, qu’il allait déposer sur l’autel majeur de la cathédrale. Dans cette procession on trouvait aussi l’archevêque de Reims, l’évêque de Laon qui portait la Sainte Ampoule, l’évêque de Beauvais la tunique, l’évêque de Châlons l’anneau, l’évêque de Noyon le baudrier, le duc de Bourgogne la couronne, le duc de Normandie l’oriflamme, le duc d’Aquitaine un étendard, le comte de Toulouse les éperons, le comte de Flandre l’épée « dite » de Charlemagne et le comte de Champagne une bannière. (Les évêques de Laon et de Beauvais encadrent le roi pendant la marche vers l’autel).

Après la promesse du roi faite au Clergé, la présentation du souverain aux assistants, le roi prête serment au peuple, contre les hérétiques, serment de maintenir l'Ordre du Saint-Esprit, celui de Saint Louis et celui contre les duels.

Après la bénédiction des attributs royaux par l'archevêque de Reims, arrive la Consécration : préparation du Saint-Chrême en mélangeant celui préparé à cet effet avec quelques parcelles de celui contenu dans la Sainte Ampoule, les onctions sont ensuite faites au roi par l'archevêque. Le sacre est alors achevé.

Reproduction d'une gravure du XVIIIème siècle

Le sacre de Louis XV à la cathédrale de Reims. On reconnaît aisément les six pairs laïcs au premier plan (trois couronnes de Ducs, trois couronnes de Comtes). Parmi les ecclésiastiques mitrés, se trouve l'évêque de Langres, que l'on ne peut identifier avec certitude. L'archevêque de Reims procède à l'onction sainte sur le front du monarque. Suivra le couronnement du Roi, avant la Messe Solennelle.

Notre évêque participe alors activement au couronnement.Le grand Chancelier de France appelle les Pairs suivant leur rang, qui se placent autour du roi. L'archevêque prend la couronne placée sur l'autel, la bénit, et la place au dessus de la tête du roi, les onze autres Pairs, dont notre évêque, se rapprochent alors du roi pour soutenir aussi la couronne au dessus de sa tête. Après une dernière bénédiction de la couronne, les Pairs la lâchent, et l'archevêque de Reims, seul, la pose sur la tête du monarque agenouillé.

Le roi va ensuite en cortège se placer sur son trône, et les douze Pairs vont se présenter devant le roi pour lui donner le baiser de paix, au nom de tous ses sujets. La grand messe solennelle qui clôturera la cérémonie religieuse commence alors.

On peut noter également que la Réforme tenta de s'introduire à Langres, mais la ville, grâce à l'action de ses évêques, resta fidèle dans sa très grande majorité à la foi catholique et au Roi. Elle s'opposa alors à Chaumont, dont les habitants étaient d'ardents ligueurs.

Enfin, il est intéressant de signaler que Vaux-sur-Saint Urbain n'a pas toujours fait partie du diocèse de Langres : à la veille de la révolution, notre paroisse dépendait du diocèse de Toul. Il a fait également partie du diocèse de Châlons, un descendant d’Etienne de Vaux en fut pour un temps l'évêque.

sceau

Armoiries de Monseigneur Pierre-Louis Parisis, Évêque de Langres (1834-1851),

contemporain de Monsieur Charles-Louis de Longeaux, alors curé de Vaux.

Ces armes sont timbrées par une couronne ducale.

Monseigneur Parisis siégeait à la Chambre des Pairs.

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