NOTRE SAINT PATRON : REMI

 

Notre village est placé sous la protection de REMI, Saint Patron de notre église.

Un peu d'histoire pour le mieux connaître, et lui rendre la vénération qu’il mérite.

Dès avant la chute de l'empire romain d'occident (476), les évêques étaient devenus les défenseurs des cités. Leur autorité spirituelle était généralement appuyée par une parenté prestigieuse au sein de l'aristocratie sénatoriale qui montait en puissance avec le déclin du pouvoir central à Rome.

REMI est fils d'un grand propriétaire gallo-romain, frère et oncle d'évêques, il est représentatif de ces lettrés de bonne famille, promis à un avenir brillant dans l'administration civile ou ecclésiastique, il n'était pas rare de passer en effet de l'une à l'autre.

Cet homme eut cependant un destin exceptionnel.

Les sources mettent en relief son rôle de pasteur et de docteur. Distingué par sa science et surtout une connaissance profonde de l’art oratoire, il faisait l’admiration de ses contemporains. Sidoine Appolinaire (Gaius Sollius), lui aussi grand lettré gallo-romain, poète latin, contemporain de Saint Rémi, évêque de Clermont Ferrand (430/472) le félicite de sa science et de ses talents d’écrivain.

Mais, l’art de convaincre ne serait rien sans la charité.

A des confrères lui reprochant son indulgence à l’égard d’un grand pécheur, saint Rémi répondit : « Nous sommes ministres de la miséricorde plus que de la colère ».

C’est cette image de bonté, rehaussée par des miracles conformant sa vie à l’exemple du Christ, qui a été gardée par la mémoire collective, alimentant une dévotion populaire toujours vive. Il faut y ajouter l’audace missionnaire.

Évêque dès les années 460, saint Rémi a été le témoin du bouleversement de la société gallo-romaine et de l’agonie de l’empire qui éclatait.

La châsse contenant les reliques de St Rémi :

chasse-remi

Les émaux qui la décorent racontent son histoire, et notamment, le baptême de Clovis.

Elle est sortie du tombeau, une fois par an, pour la neuvaine qui précède la St Rémi, le premier Dimanche d'octobre.

détail de la Châsse de St Rémi : Le Baptême de Clovis

La colombe, la Sainte Ampoule, Sainte Clotilde, Saint Rémi, Clovis.

Rien ne manque.

Le vitrail central de l’église de Vaux est en tout point semblable,

sauf la chasuble de Saint Rémi, rouge sur notre vitrail. On note qu'il porte le Pallium.

Éclatement politique avec la constitution des royaumes Wisigoth, Burgonde et Franc dans l’ancienne Gaule, éclatement culturel par la confrontation de la latinité avec de nouvelles langues et de nouvelles lois, éclatement spirituel avec le développement de l’arianisme, une doctrine hérétique qui avait séduit de nombreux barbares par son monothéisme primaire réduisant le Christ au rang de simple créature, Saint Rémi en souffrait beaucoup.


Saint Rémi et Clovis

Quand Saint Rémi s’adresse à Clovis, le Chef Franc venait de succéder à son père Childéric (481) comme roi de Tournai, et donc investi d’une autorité légitime aux yeux des gallos-romains. De plus les Francs étaient alliés à Rome depuis plusieurs générations : Mérovée, grand père de Clovis et fondateur de la première race royale en France, avait combattu les Huns aux côtés de Rome.

Saint Rémi était titulaire du siège métropolitain de la province de Belgique Seconde. Il était l’interlocuteur spirituel et naturel du jeune roi Clovis qui y exerçait le pouvoir temporel. Mais Clovis était resté païen.

Accepter le baptême, c’était abandonner les dieux germaniques dont il prétendait descendre selon la tradition, et risquer de briser la fidélité de ses guerriers. C’était cependant le moyen de s’assurer la sympathie des évêques dans la perspective d’une lutte contre les royaumes ariens du sud de la Loire.

Clovis, catéchisé par Saint Rémi, a longtemps réfléchi avant de se convertir. Quelle fut la part du calcul, de la grâce divine, de Saint Rémi, de Sainte Clotilde son épouse croyante ?

Dieu seul le sait.

C’est un baptême un peu particulier par son aspect miraculeux d’une part, et par les conséquences religieuses et politiques qu’il engendre d’autre part.

D’après Grégoire de Tours et Hincmar, en voici le récit qui nous montre tout d’abord son aspect miraculeux :

Tout à sa joie, Saint Rémi fit préparer la piscine baptistère : des parfums sont répandus et des cierges odorants brûlent. Tout le temple baigne dans une odeur divine, car Dieu a voulu que les assistants se croient transportés parmi les parfums. La foule était fort nombreuse, et le clerc qui était chargé de porter à Rémi les huiles nécessaires au baptême de Clovis ne réussit pas à se frayer un chemin à travers cette multitude.

On comprend l’angoisse de Rémi. Se trouvant dans l’impossibilité de procéder au baptême, que pouvait-il faire ? Il implora le Ciel et pria. L’événement inattendu de produisit : il avait eu raison de faire pleinement confiance en Dieu.

Dans le ciel apparut une colombe « plus blanche que la neige ». Elle descendait lentement. Rémi n’hésita pas. Il comprit qu’il s’agissait du Saint Esprit. La colombe portait dans son bec une ampoule de verre. L’oiseau déposa cette ampoule près de Rémi. Elle contenait le chrême. Le baptême pouvait avoir lieu.

Rémi versa quelques gouttes de la précieuse huile dans l’eau du baptistère, et le baptême eut lieu, par immersion.

L’aspect religieux de ce baptême est d’une importance non moins grand.

D’une part les guerriers de Clovis se firent baptiser à sa suite. Les conquérants devenaient chrétiens. Ce baptême assure le triomphe du catholicisme en Gaule, aucune survivance de l’arianisme ne subsiste au-delà de la victoire militaire des Francs en Gaule. L’unité de la foi, appelée « la tunique sans couture » devait durer mille ans. L’action conjuguée du roi, devenu fils aîné de l’Église, et de saint Rémi restaura en Occident l’ordre religieux. L’importance de cet événement n’échappa pas aux successeurs de Clovis. Quand fut introduit en France, au VIIIième siècle, le rite biblique de l’onction du Roi, il apparut vite que le geste de Saint Rémi était plus qu’un baptême. Les onctions, pratiquées lors des sacres, avec le chrême même utilisé pour le baptême de Clovis et conservé dans la Sainte Ampoule, faisaient les rois selon le cœur de Dieu, pour conduire le peuple, avec les évêques, sur la voie du Salut. Ce saint chrême, recueilli par Saint Rémi, servira au sacre des Rois de France jusqu’en 1825, pour Charles X. Baptême de Clovis et ensuite sacres des rois sont étroitement liés, le sacre étant même considéré comme un sacrement jusqu’au XII ème siècle. Il faudra un concile (Latran III en 1179) pour statuer définitivement du contraire. Malgré tout, grâce à la particularité miraculeuse du baptême de Clovis par Saint Rémi, la cérémonie du Sacre restera très semblable à celle de la consécration d’un évêque, dans son rituel. Il fera de la France la fille aînée de l’Église, ses rois, parce que sacrés avec l’huile sainte de Saint Rémi auront prééminence sur beaucoup d’autres souverains en Europe.

Encore sur un plan purement religieux, et beaucoup plus proche de nous cette fois, on se souviendra des paroles de Sa Sainteté Jean-Paul II, en visite en France, et à Reims, pour le millénaire du baptême de Clovis par Saint Rémi : « France, qu’as-tu fait de ton Baptême ? » et « cette grande célébration jubilaire du baptême vous donne l’occasion de réfléchir sur les dons que vous avez reçus et sur les responsabilités qui en découlent…que ne cesse de briller la lumière de la foi ! ». Saint Rémi était véritablement missionnaire…

Enfin l’aspect politique. Ce baptême a servi la dynamique de la victoire de Clovis, puis de ses fils sur la Gaule envahie par les barbares. Ainsi grâce à Saint Rémi, acteur essentiel de cette mutation, s’est constitué un royaume des Francs, dont la majeure partie devint le Royaume de France. A l’évidence le baptême de Clovis est à l’origine de notre nation, mais il la dépasse ; en exprimant l’alliance, dans la foi, de l’héritage romain, personnifié par Saint Rémi, et des nouvelles forces germaniques qu’incarne le jeune Clovis – il inaugure une nouvelle société qui marquera l’Europe entière du sceau de la Chrétienté. Le Moyen-Âge est né dans le baptistère de Reims. Ce baptême doit absolument être relu dans un contexte européen, car il entraîna le baptême de tous les Francs dont le roi avait réalisé l’unité. Or, ceux-ci occupaient , outre la plus grande partie de la France actuelle, la Belgique, le Luxembourg, la majeure partie des provinces néerlandaises et allemandes, et le Palatinat. Chaque année, la Saint Rémi attire des pèlerins de toutes ces régions de l’Europe, dont les paroisses sont placées sous son patronage, qui viennent à Reims, prier devant les reliques de l’apôtre des Francs. Saint Rémi était véritablement visionnaire.


Fête de la Saint Rémi

Le 1er Octobre dans le Sanctoral Romain.

Déplacée au 15 janvier après le Concile Vatican II, avec possibilité de la célébrer à l ‘ancienne date ou dans l’octave lorsqu’elle est attachée à un patronage de paroisse, dans la première semaine d’octobre.

Ordo Missae du Commun des Pontifes : Messe « Statuit », dans la liturgie romaine, Propre de France.

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