L'ÉCOLE A VAUX Au XIXème siècle

 

Mairie Ecole

      Il y a quelques années, Monsieur Gérard Legendre avait fait des recherches intéressantes sur l’école, à Vaux, portant sur la deuxième moitié du XIXème siècle, dont il nous avait fait profité dans son petit journal local « l’œil de Vaux », dont la parution s’est hélas interrompue.

      A la rédaction de ce modeste livret de chroniques, il nous paraît indispensable de reparler de l’école de Vaux, et d’y inclure certaines informations qu’il nous donnait alors.

     En 1849, le règne de Louis Philippe vient de s’achever dans les conditions que l’on sait, le second Empire est en passe de naître, et la troisième république n’existe encore pas, ni son école laïque. L’Eglise et l’Etat ne sont pas encore séparés, le ministère en charge de l’instruction s’appelle encore « Ministère de l’Instruction Publique, des Cultes et des Beaux-Arts ». Vers 1850, nous sommes encore très loin de la rivalité « Curé-Instituteur « qui existera plus tard vers 1885/1900, pour finir au désastre que l’on sait en 1905.

Quelques chiffres tout d’abord :

Année

Nombre d'éléves

% Population totale

Nombre de ménages

Population totale

1861

38

13.6

100

280

1866

37

13.8

100

269

1872

43

15.6

111

275

1876

22

8.7

109

254

1881

40

15.3

104

261

1886

29

10.8

108

269

     M. G. Legendre nous dit que la moyenne des élèves ne chute véritablement qu’à la suite de la guerre de 1870, le nombre des ménages et de la population restant relativement stable pendant les vingt cinq années étudiées.

     Il nous signale d’ailleurs que deux instituteurs étaient en charge de la classe, en 1864 et 1865.

     La classe était unique, tous âges confondus. En ces années là on imagine, compte tenu du nombre d’élèves, qu’il y avait des jours réservés pour les petites et les grandes sections. Il ne devait pas toujours être aisé de maintenir l’ordre pendant les cours…mais la discipline était de mise, et le Maître reconnu… comme tel…


     Plusieurs correspondances, émanant du Préfet de la Haute-Marne, nous renseignent sur l'attribution de livres pour l'École, et pour la bibliothèque.

     Nous reproduisons ci-dessous l’une d’entre-elles, émanant toujours du Préfet, et adressée à Monsieur le Maire de Vaux, concernant le chauffage de l’école : elle nous paraît en effet très représentative de l’époque et de ses moyens, comparés aux revendications de « l’Éducation Nationale » d’aujourd’hui…

« Le mode de chauffage de votre Commune et qui consiste dans l’apport journalier par les élèves du bois nécessaire, me paraît devoir être modifié. Ce système suranné présente en effet des inconvénients à plusieurs points de vue.

D'après les instructions ministérielles du 9/08/1870, le chauffage des écoles est une charge des familles qui ont la faculté de l'acquitter, la commune n'intervenant, pour sa quote part, que comme représentants les élèves gratuits.

      Afin de mettre terme à l’apport journalier du bois par les élèves, si la commune dépourvue d'affouages annuels et de ressources suffisantes, ne veut pas établir de centimes spéciaux, pour pourvoir à sa dépense, elle pourrait, si l’instruction n’est pas gratuite, recourir à l’usage déjà adopté par la plupart des conseils municipaux et qui consiste dans la confection d’un rôle établissant une taxe de 1fr ou 1fr50, suivant le cas par élève, rôle dûment approuvé par moi et mis en recouvrement par le percepteur, sauf à la Mairie à fournir le contingent de chauffage dû par les élèves gratuits.

      Je vous prie de vouloir bien vous concerter, en session légale de Mai, avec votre Conseil Municipal, pour prendre les mesures nécessaires au cas particulier et de m’adresser ensuite deux exemplaires de la délibération qui interviendra

Recevez, etc… »…

Aux fins de comparaisons, nous donnons quelques exemples de salaires dans notre canton, extraits de l’ouvrage déjà cité de Mr. Demimuid, pour l’année 1875

Labour d’un hectare : 25 Frs.

Façons à tâches, un hectare de vigne : 230 Frs

Un voyage de fumier, de foin, de gerbes : 2 Frs.

Gage de domestique de ferme principal : 400 Frs ; en second : 300 Frs. (Annuels)

Domestique vigneron, avec sa femme, logé sans être nourri : 850 Frs. (Annuels)

Il est facile de voir ce que cette taxe, par élève, représentait pour les parents, par rapport à leurs revenus.

Enfin, nous illustrons cette brève chronique sur l’école de Vaux par tout d’abord trois fac-similés provenant d’un cahier d’école rédigé en 1849.


     On notera, sur la page de couverture (ci-contre), les dessins qui exaltent les métiers manuels, les arts et l’apprentissage de la lecture (la Sainte Vierge apprend à lire à Jésus adolescent). La dernière page de couverture (non reproduite ici) est en elle-même un véritable abrégé d’histoire, plus passionnant que les tables de multiplications qui s’inscrivirent uniformément sur tous les cahiers d’école par la suite.

On admirera ensuite, des extraits de deux pages de ce cahier d’histoire proprement dit, concernant Clovis et Charlemagne ;

clovis charlemagne

     L’écriture, fine et régulière, et le soin apporté à la rédaction de ces résumés, très probablement copiés d’un livre ou du tableau de la classe, en disent long sur le sérieux et la soif de savoir de l’élève, qui n’était encore qu’à l’école primaire, et dans un petit village de campagne de la France profonde.

     Cet élève, Monsieur Urbain Théophile Hanipaux, en 1849, était le fils de Charles Hanipaux, vigneron, qui siégeait au Conseil Municipal de Vaux, en qualité d’Adjoint au Maire, lorsque Monsieur le Curé Charles-Louis de Longeaux bénit la grosse cloche de l’église, en 1834.


     Nous terminerons par trois derniers témoignages, d’autres fac-similés d’un cahier d’école daté de 1895, rédigé par Monsieur Albert Perrin, élève lui aussi de l’école de Vaux. On notera que le style des couvertures a changé. On exalte la défense héroïque de Belfort, avec un « vive la république » en dernière page (non reproduite ici). Curieusement, on trouve aussi sur cette dernière page les armes d’un évêque, un évêque-Comte. Jules Ferry était déjà pourtant passé par là…

     Vous pourrez admirer sur les deux autres copies, l’écriture, toujours aussi belle, et quelques exemples de ce qui était enseigné à cette époque. Les lignes étaient pré-imprimées, cela facilitait le travail de l’élève. Les grands-parents, environ cinquante années plus tôt, devaient les tracer eux-mêmes…

couverture illustrée du cahier d’Albert Perrin (1895)

Un problème de mathématiques appliqué à des préoccupations bien agricoles.

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Michel R.

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